La séparation de la lumière et de la ténèbre permettait de dire au premier jour :
« Et il vit, Elohim, que la lumière était bonne. » (Genèse 1.4)
La séparation du deuxième jour ne conduit pas à une telle conclusion.
Nous retrouverons pourtant cette formule aux troisième, quatrième, cinquième et sixième jour.
« Et il vit, Elohim, que c'était bon. » : en hébreu "Vayar Élohim ki-tov."
A la fin du sixième jour, la création de l'homme et de la femme est même qualifiée par un superlatif : très bon (Genèse 1.31).
Par extension, cette formule est souvent étendue à l'ensemble de la Création : « Tout ce que Dieu a fait est bon ! »
Mais les rabbins sont demeurés sceptiques du fait que l'organisation du deuxième jour ne comporte pas, comme pour les autres jours, le jugement de valeur "ki-tov."
Pourquoi ?
Parce que cet acte de séparation des eaux comportait en germe une division entre la vie issue des "eaux inférieures" (sur terre) et la vie régnant dans les "eaux supérieures" (dans les cieux, près de Dieu).
On s'interroge souvent sur l'origine du mal incarné par le serpent qui se manifeste au sixième jour.
Si tous les jours de la Création sont jugés bons par le Créateur sauf un, ne faut-il pas approfondir la signification symbolique de ce deuxième jour ?
Le chiffre deux porte en soi la dualité ... donc la division potentielle.
Dans la croyance juive traditionnelle, le deuxième jour est celui de la création des anges. Dans son commentaire sur le premier jour biblique, Rachi exprime l'opinion suivante :
« Jour un (yom è‘had) : La symétrie du texte aurait exigé qu’il fût écrit : yom richon (premier jour), comme pour les autres jours où il est écrit : "deuxième", "troisième", "quatrième" ...
Pourquoi est-il écrit : "jour un" ? Parce que le Saint béni soit-Il était seul dans Son univers, le Midrach raba indiquant que les anges ont été créés le deuxième jour, de sorte que "jour un" doit se comprendre : "jour de l’Unique". »
Que s'est-il passé avec les anges ?
Certains ne se sont-ils pas rebellés contre Dieu, avec Satan à leur tête, si l'on se réfère au chapître 14 du Livre d'Esaïe ?
Satan, c'est l'accusateur en hébreu ou l'adversaire, celui qui contrecarre les plans de Dieu ... représenté par le serpent de la Genèse.
Quelle est la particularité du serpent par rapport aux autres créatures ?
Sa langue bifide ... divisée en deux.
C'est par sa parole que le serpent a semé la division.
Chacun connaît l'expression "langue de vipère".
Que dire d'autre du serpent ?
N'est-ce pas une figure du Diable ?
Apocalypse 12.9 : « Il fut précipité, le grand dragon, l'antique serpent, celui qu'on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier ... »
Le Diable est un mot d'origine grecque : Διαβολος ~ Diabolos.
La racine "dia" signifie "en séparant".
De cette racine, associée à "bol" qui signifie "jet" provient le mot Diable : le jet qui sépare.
Ce "jet", c'est le trait d'une parole perfide qui a séparé l'homme de Dieu.
Un jet venimeux, contagieux, collé depuis ce temps à la nature humaine comme un patrimoine génétique.
« Races de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l'êtes ? » (Matthieu 12.34)
Le deuxième jour voit s'éloigner l'unité primordiale.
Selon les rabbins, la lumière du premier jour n'est pas restée en ce monde qui demeure illuminé par les astres du quatrième jour.
Peut-être du fait de la division du deuxième jour qui apporta la discorde.
Une discorde à l'origine de bien des maux.
Mais c'est en prenant conscience du caractère nocif de cette discorde, qui conduisit à la séparation entre l'homme et Dieu, que l'homme peut retrouver le chemin de l'Unité primordiale.
Jésus a déclaré : « Moi et le Père nous sommes un. » (Jean 10.30)
Cette unité céleste doit se retrouver sur la terre au sein de l'Eglise :
« Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un ... » (Jean 17.22)
Le lien rompu entre Dieu et les hommes est rétabli par Jésus :
« ... moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un. » (Jean 17.23)
Ainsi les eaux inférieures pourront être de nouveau réunies aux eaux supérieures ...