Quand il reçoit Joseph, Jacob prépare la succession d'Israël, et notamment le partage ultérieur de la terre promise lorsque les Juifs reviendront en terre de Canaan quatre siècles plus tard.
Ce partage n'est pas mentionné quand Jacob évoque l'héritage, mais il est implicite.
Jacob a eu douze fils.
Onze sont appelés à hériter d'un territoire lors de la conquête de Canaan :
Ruben, Shimeon, Juda, Dan, Nephtali, Gad, Asher, Issacar, Zabulon, Joseph et Benjamin.
Lévi, le troisième fils que Jacob a conçu avec Léa aura une destinée particulière car sa descendance, appelée à la prêtrise, sera dépourvue de territoire.
Pour compenser le fait que Lévi n'ait pas de territoire tout en conservant douze parts, les deux premiers enfants de Joseph sont adoptés par Jacob :
« Éphraïm et Manassé sont à moi comme Ruben et Shimeon. » (Genèse 48.5)
Joseph conserve donc, "en pleine propriété", les autres enfants qu'il a pu avoir ensuite.
Jacob précise alors que ceux-ci « seront appelés d’après le nom de leurs frères, quant à leur héritage. »
Cette formulation est assez complexe et mérite d'être précisée.
La Bible nous dit à quelle époque sont nés Manassé puis Éphraïm :
« Avant que vienne l’année de la famine, il naquit deux fils à Joseph, que lui donna Asnath, fille de Potiphera, prêtre d'On. » (Genèse 41.50)
Quand il est procédé au décompte de la famille de Jacob qui vient en Égypte, Manassé comme Éphraïm sont inclus :
« Les fils de Joseph qui lui étaient nés en Égypte : 2 âmes.
Toutes les âmes de la maison de Jacob qui vinrent en Égypte étaient 70. »
(Genèse 46.27)
Mais par la suite la naissance d'autres fils de Joseph n'est pas mentionnée.
Leur existence éventuelle, au regard du message biblique qui entend insister sur les douze tribus issues d'Israël (Jacob), ne présente pas d'importance dans la mesure où le partage du territoire de Canaan a été ainsi figé par cette parole de Jacob.
Seuls les douze ainsi mentionnés, incluant Manassé et Éphraïm, seront à l'origine du partage à l'exclusion de tout autre descendant.
Ce sont eux les seuls héritiers de la première génération consécutive à Jacob, et tous ceux qui naîtront ensuite seront inclus dans l'héritage de l'une ou l'autre des tribus.
Il ne saurait y avoir de treizième tribu.
Dans l'hypothèse où Joseph aurait eu d'autres fils, ceux-ci seraient appelés, ou inclus, dans l'héritage de Manassé ou Éphraïm.
Mais pourquoi douze plutôt que treize, ou dix, et même sept car ce chiffre est hautement symbolique dans la Bible ?
Le nombre de douze apparaît dans la Bible en Genèse 17.20 quand Elohim dit à Abraham :
« Pour Ishmaël, je t'ai entendu. Vois ! Je le bénis et je le rends fécond. Je le ferai croître en abondance, excessivement. Il engendrera douze princes et je le destine à une grande nation. »
Douze descendants ... mais au final une seule nation que l'on associe d'ordinaire au monde arabe.
Les douze fils d'Israël, descendant légitime d'Abraham et Isaac, sont ainsi la contrepartie des douze fils d'Ishmaël.