« Israël aimait Joseph plus que tous ses fils, c'était pour lui le fils de sa vieillesse, et il lui fit une tunique qui le distinguait. » (Genèse 37.3)
Jacob préférait Joseph, le fils de Rachel, l'épouse qu'il aimait, à tous ses autres frères, fils de Léa ou des deux servantes, Bilha et Zilpa.
Certes, Joseph avait un jeune frère, Benjamin, issu lui aussi de Rachel ... mais celle-ci était morte en le mettant au monde.
Et puis Joseph était ce fils perdu, disparu car vendu par ses frères ... et retrouvé au sommet de sa gloire en Égypte.
Le fils perdu était devenu le fils prodigue, celui qui avait tout en sa possession et qui pouvait tout donner.
Joseph et ses deux fils, Manassé et Éphraïm, n'avaient donc besoin de rien.
C'est pourtant pour eux que Jacob abonde en bénédictions en prophétisant qu'ils auront deux parts de l'héritage territorial quand les Hébreux reviendront en Canaan.
Deux portions pour les enfants de Joseph ... une seule portion pour les autres frères ... est-ce juste ?
Peut-on discuter les lois de l'amour puisque c'est cela qui justifie la décision d'Israël ?
Il aimait Joseph plus que tous ses fils ... ceux-ci ont voulu l'éliminer ... la descendance de Joseph aura en retour une double part.
Vu sous cet angle, est-ce plus juste ?
Cette faveur au bénéfice de l'enfant plus jeune, issu de l'épouse bien-aimée, va à l'encontre de la loi de Moïse telle qu'elle sera promulguée par la suite.
En effet, il sera arrêté ceci :
« Si un homme, qui a deux femmes, aime l'une et n'aime pas l'autre, et s'il en a des fils dont le premier-né soit de la femme qu'il n'aime pas, il ne pourra point, quand il partagera son bien entre ses fils, reconnaître comme premier-né le fils de celle qu'il aime, à la place du fils de celle qu'il n'aime pas, et qui est le premier-né.
Mais il reconnaîtra pour premier-né le fils de celle qu'il n'aime pas, et lui donnera sur son bien une portion double ; car ce fils est les prémices de sa vigueur, le droit d'aînesse lui appartient. »
(Deutéronome 21.15-17)
Avec Moïse, le temps des patriarches allait s'achever.
Désormais, on ne favoriserait plus les liens de l'amour au profit des obligations issues du droit d'aînesse.
La loi allait l'emporter sur l'amour : c'est l'aîné qui aurait la double part !
On peut accepter ce principe en considérant que l'enfant issu de la femme aimée a le privilège d'avoir eté plus aimé que ses frères.
Aussi, l'aîné issu de la femme non aimée aura un lot de compensation : à défaut d'amour, à défaut du bien spirituel ... il aura une double portion matérielle.
Triste sort en fin de compte que le sien, car rien ne peut valoir l'amour des parents, entre eux, et envers leurs enfants.
L'amour est une richesse inestimable car c'est un don spirituel, un don de Dieu !
Aussi, ne nous attardons pas sur le fait d'avoir ou non une double rétribution matérielle en ce monde ...
« Amassez-vous des trésors dans le ciel, là où ni mite ni rongeur ne ravagent, et là où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Ainsi, là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur. » (Evangile selon Matthieu 6.20-21)
Les prophètes de l'Ancien Testament l'avaient bien compris quand ils recherchaient avant tout les dons de l'Esprit ...
« Élie dit à Élisée : "Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi."
Élisée répondit : "Qu’il y ait sur moi une double part de ton esprit !" »
(2 Rois 2.9)
Les prophètes comme Élisée se souciaient bien peu d'avoir ou non une double part de territoire.
Ils n'ont d'ailleurs pas manqué de dénoncer la cupidité de leurs contemporains qui étaient plus soucieux de leurs terres que du Royaume de Dieu.
Élisée fut exhaussé et ceux qui le voyaient pouvaient dire : « L’esprit d’Élie repose sur Élisée ! » (2 Rois 2.15)
Recevoir une double part n'est pas donné à tout le monde.
Il n'est déjà pas facile de recevoir une simple part, un simple don, quand il s'agit de spiritualité.
Avant Son ascension auprès du Père, Jésus avait promis à Ses disciples :
« Vous recevrez sur vous une puissance venant du Saint Esprit. Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre. » (Actes des Apôtres 1.8)
Cette puissance est venue, elle abonda sur les premiers disciples afin que ceux-ci se lancent « jusqu'au bout de la terre. »
De nos jours, les dons de l'Esprit semblent s'être amenuisés.
Que ceci n'empêche pas de prier pour en recevoir une double part !