La plupart des traductions restituent comme suit cette recommandation de Joseph :
« Ne vous querellez pas en chemin ! »
Joseph connaissait ses frères, leur comportement belliqueux, un défaut si fréquent chez les hommes ...
Et puis, n'est-ce pas en chemin, près d'une citerne, au hasard d'une route que Joseph avait été vendu comme esclave par ses frères ?
Joseph connaissait les risques des voyages, les mauvaises rencontres toujours possibles, et il valait mieux que ses frères restent soudés, unis, car un groupe solidaire est plus efficace qu'un groupe divisé.
Ne pas se disputer en chemin, ne pas se diviser et susciter une dispersion au sein des fils d'Israël, tel était déjà le risque.
Car c'est cette division qui sera à l'origine de la dispersion ultérieure des Juifs, de la diaspora d'un peuple qui peut être si fort quand il reste uni.
Un grand schisme a eu lieu après la mort de Salomon.
Son fils, Roboam aurait dû lui succéder à la tête de l'empire édifié par David et Salomon mais dix tribus sur douze lui ont préféré Jéroboam, issu de la tribu d'Éphraïm.
Ceux-ci ont formé le Royaume d'Israël, au nord.
Les deux autres tribus, Juda et Benjamin, ont formé le Royaume de Juda, au sud.
Avec l'effondrement du Royaume d'Israël, les tribus ont été déportées en Assyrie et dispersées.
Cette première diaspora est le fruit de la dispute.
« Ne vous dispersez pas en chemin ! »
Le Royaume de Juda s'est effondré à son tour et les Juifs déportés à Babylone.
Le royaume fut ensuite reconstitué, limité à la Judée, sous la domination des conquérants, les derniers en date étant les Romains.
Les révoltes des Juifs aboutiront au siège de Jérusalemn et à la destruction du Temple en l'an 70 de notre ère.
Pourtant, dans un premier temps, l'unité nationale avait permis aux Juifs conduits par les Zélotes de mettre en fuite une légion romaine et de contrôler la Judée et la Galilée.
Une unité nationale qui fut de courte durée ...
« Ne vous dispersez pas en chemin ! »
La grande diaspora est venue ensuite et les Juifs ont été privés de nation jusqu'en 1948.
Mais l'unité nationale n'est pas pour autant réalisée, notamment entre Séfarades méditerranéens et Ashkenazes originaires d'Europe centrale et orientale.
Vivre ensemble est nécessaire à toute communauté humaine.
Mais savoir vivre ensemble relève toujours de l'utopie, d'une espérance idéaliste qui paraît irréalisable dans l'immédiat au regard de la nature humaine.
« Car si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle créature. Ce qui est ancien est passé, ce qui est nouveau est là !
Tout vient de Dieu. Il nous a réconciliés avec Lui par le Christ, et nous a confié le ministère de la réconciliation. »
(2 Corinthiens 5.17)
Ce principe posé par l'apôtre Paul aurait pu servir de référence dans le monde chrétien.
Au regard des schismes et divisions qui ont fracturé l'Eglise, il est clair que celle-ci n'a pas échappé à sa nature humaine.
Le ministère de la réconciliation, dans le monde chrétien comme en dehors, reste à venir ...
« Voici la demeure de Dieu avec les hommes.
Il y vivra avec eux et Ses peuples avec Lui. Et Lui sera : "Dieu avec nous."
Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus.
Il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car ce qui existait avant a disparu. »
(Apocalypse 21.3-4)