Lorsque Joseph se révèle à ses frères, nous entrons dans la dernière phase du cycle de Joseph et de la Genèse.
A présent, les fils d'Israël vont être réunis et le dessein de Dieu envers les Hébreux va s'accomplir.
Mais la première étape de cette révélation passe par une simple phrase que la plupart des traductions bibliques restituent ainsi :
« Je suis Joseph. » (Genèse 45.3)
Nous avons préféré retenir « C'est moi, Joseph » pour les raisons suivantes.
Le texte hébreu se transcrit comme suit : « ani iusph », étant ici rappelé que Joseph signifie « l'Eternel ajoutera ».
« ani iusph » revient donc à dire « C'est moi, l'Eternel ajoutera ».
Ainsi, lorsqu'il se révèle, Joseph proclame le dessein de Dieu qui est d'ajouter une descendance nombreuse à Israël en Égypte.
En effet, 400 ans plus tard, les Égyptiens s'inquiètent du fait que les Hébreux soient devenus très prolifiques ... trop envahissants (Exode 1.9-12).
Par la suite, lorsque Moïse reçoit la révélation de Dieu, Elohim lui dit :
« aeie ashr aeie » (Exode 3.14).
Les rabbins traduisent ce moment historique comme suit : « Je suis qui Je serai. »
JHVH s'est ainsi révélé à Moïse ... mais aussi Son dessein qui Le projette dans l'avenir en conjuguant le verbe être au futur.
Traduire « ani » par « Je suis », comme le font la plupart des traducteurs à propos de Joseph, au lieu de dire « C'est moi », est selon nous une source de confusion avec la révélation du Seigneur qui est le seul à pouvoir se révéler en disant : « Je suis ».
Poursuivons notre voyage dans le temps vers l'an 30 de notre ère.
Rendons-nous dans le jardin de Gethsémané où se trouve Jésus en compagnie des disciples.
Lorsque les gardes arrivent pour l'arrêter et cherchent Jésus, Il dit :
« Ego eimi » (en grec) ce qui signifie « C'est moi, Je suis. » (Jean 18.5)
Nous retrouvons ici deux façons de se désigner.
Celle de Joseph, « C'est moi », qui par sa vie d'homme au service de Dieu constitue un antétype du Christ selon la tradition grecque des premiers chrétiens.
Celle de JHVH qui, par Son incarnation en Christ, est non seulement « Je suis » mais aussi « Je serai ».
En effet qui d'autre pouvait bien annoncer JHVH en s'appelant « Je serai » ... sinon Jésus ?
Cependant, s'appeler « Je suis » ne permet guère d'en savoir plus sur l'identité de Dieu.
Moïse a dû se contenter de cela : « Je suis qui Je serai ».
Jésus a été plus explicite.
Car avant de dire « C'est moi, Je suis » dans le jardin de Gethsémané, Jésus a employé sept fois « Ego eimi » pour se révéler.
« Moi, je suis le pain de la vie. » (Jean 6.35)
« Moi, je suis la lumière du monde. » (Jean 8.12)
« Moi, je suis la porte. » (Jean 10.9)
« Moi, je suis le bon berger. » (Jean 10.11)
« Moi, je suis la résurrection et la vie. » (Jean 11.25)
« Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jean 14.6)
« Moi, je suis la vraie vigne. » (Jean 15.1)
Sept fois ... vu la puissance symbolique de ce nombre dans la Bible, il est peu probable que ce soit un hasard.
Sept façons de se décrire de manière analogique à l'aide de métaphores qui doivent permettre à chacun de mieux comprendre qui est « Je suis », Notre Seigneur.