Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



Juda en échange

« Aussi, je t'en prie ! Que ton serviteur reste

l'esclave de mon seigneur à la place du jeune homme,

et le jeune homme montera avec ses frères. »

(Genèse 44.33)

Echange

Juda ne peut pas retourner voir son père sans Benjamin.

Il s'était engagé à le ramener vivant.

« Moi, je réponds de lui. Tu le redemanderas de ma main.

Si je ne te le ramène pas, et si je ne le présente pas devant ta face, je serai pour toujours un pécheur envers toi. » (Genèse 43.9)

Juda n'aurait pas pu vivre avec ce sentiment de culpabilité envers son père et préfère donc se donner en échange de Benjamin et rester en Égypte comme esclave.

Les motivations de Juda ne relèvent pas prioritairement d'un esprit de sacrifice, d'une volonté de substitution pour sauver son frère, mais d'un code de l'honneur qui l'oblige à respecter la parole donnée à son père.

Cette attitude est louable, car honorer ses parents deviendra l'un des dix commandements donnés à Moïse par le Seigneur.

Mais honorer ses parents pour ne pas se sentir coupable est-il suffisant ?

Ne doit-on pas plutôt les honorer par amour, afin qu'il vivent en paix, et non pour se libérer du poids d'un péché ?

L'esprit de sacrifice qui consiste à donner, ou se donner, repose sur un sentiment altruiste, l'amour du prochain, quitte à faire l'impasse sur l'amour de soi.

On ne se sacrifie pas pour se faire plaisir, on le fait pour faire plaisir aux autres.

On ne se sacrifie pas pour soulager sa conscience ... et on ne se sacrifie pas non plus en attendant quelque chose en retour.

"C'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour." (Albert Camus)

Albert Camus était athée.

Mais ce qu'il a pu écrire croise parfois les chemins de la foi.

Comparons cette citation de Camus à ce célèbre verset :

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse mais qu'il ait la vie éternelle. » (Evangile selon Jean 3.16)

Dans la citation comme dans ce verset, il est question d'amour et de sacrifice.

En sacrifiant son Fils, l'Unique, Dieu a tout donné par amour.

Une question demeure : Dieu attend-il quelque chose en retour ?

Jean 3.16 pourrait laisser entendre que Dieu attend en retour du sacrifice de son Fils, Jésus, que l'on croit en lui.

La démarche spirituelle serait donc la suivante :

"Si je crois que Jésus s'est sacrifié pour moi, je gagne la vie éternelle, donc j'ai tout intérêt à croire."

Il s'agirait donc d'une sorte de marchandage, d'un calcul préalable fondé sur un raisonnement qui conduit l'individu à se forcer à croire pour être sauvé.

Il est probable que beaucoup de "croyants" fonctionnent ainsi, notamment parce qu'ils ont été élevés dans un milieu qui leur a inculqué que le salut, la grâce de Dieu, est le produit de leurs bonnes actions.

Mais cela ne fonctionne pas ainsi ...

« Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi. Et ceci ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.

Cela ne vient pas des œuvres, afin que personne ne se vante.

Car nous sommes Son ouvrage, créés en Jésus Christ pour de bonnes œuvres que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les réalisions. »

(Epître aux Ephésiens 2.8-10)

Ni le salut, ni la foi ne se "fabriquent" par des œuvres.

La foi vient d'un appel reçu de Dieu qui vous pousse à croire que Jésus s'est sacrifié, qu'Il s'est donné en échange, afin de vous sauver de la mort éternelle.

Comme l'écrivait l'apôtre Paul, le chrétien devient ainsi l'ouvrage de Dieu, créé pour de bonnes œuvres.

Celles-ci sont le fruit de la conversion ... ce ne sont pas elles qui ont précédé la conversion.

Dieu attend-il que nous réalisions les bonnes œuvres qu'il a préparées d'avance ?

Nous restons libres de notre engagement.

Si nous nous forçons à accomplir ces bonnes œuvres, nous agissons comme Juda qui honorait son père pour ne pas avoir le sentiment d'être un pécheur.

Nous vivrons alors sous la contrainte.

Si nous les accomplissons spontanément par amour, et dans l'amour, nous approcherons alors de la "sérénitude".

Vous ne trouverez peut-être pas ce mot dans votre dictionnaire car "sérénitude" est un néologisme composé des mots "sérénité" et "béatitude".

C'est un état de bien-être absolu qui vous est offert par le Seigneur.

Dieu n'attend rien en retour du sacrifice de son Fils car c'est un don gratuit :

« Le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur. » (Epître aux Romains 6.23)

< < < Retour au sommaire < < < 331-GEN 44.33 > > > C'est moi, Joseph > > >


Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 44 ~ Versets 44.21 à 44.34

21. Tu as dit à tes serviteurs : "Faites-le descendre vers moi, afin que mes yeux se posent sur lui."

22. Nous avons dit à mon seigneur : "Le jeune homme ne peut pas quitter son père. S’il le quittait, son père en mourrait."

23. Tu as dis à tes serviteurs : "Si votre jeune frère ne descend pas avec vous, vous ne reverrez pas ma face."

24. Aussi, quand nous sommes montés vers ton serviteur, mon père, nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur.

25. Et notre père a dit : "Retournez-y ! Achetez-nous un peu de nourriture !"

26. Mais nous avons dit : "Nous ne pouvons pas y retourner. Si notre plus jeune frère est avec nous, alors nous descendrons, car nous ne pourrons pas voir la face de cet homme, si notre plus jeune frère n’est pas avec nous."

27. Alors ton serviteur, mon père, nous a dit : "Vous savez que ma femme m'en a donné deux.

28. L’un s’en est allé d’auprès de moi, et j’ai dit : "Il a été certainement déchiqueté", il fut mis en pièces et je ne l’ai pas revu jusqu’à présent.

29. Et si vous ôtez aussi celui-ci de ma face, si un accident lui arrive, vous ferez descendre mes cheveux blancs au Shéol sous la douleur."

30. Et maintenant, je vais revenir vers ton serviteur, mon père, et le jeune homme dont l’âme est étroitement liée à son âme ne sera pas avec nous.

31. En voyant que le jeune homme n'est pas là, il va mourir. Tes serviteurs feront descendre les cheveux blancs de ton serviteur, notre père, sous la douleur, au Shéol.

32. Car ton serviteur s'est porté garant du jeune homme auprès de mon père, en disant : "Si je ne te le ramène pas, je serai pour toujours un pécheur envers toi".

33. Aussi, je t'en prie ! Que ton serviteur reste l'esclave de mon seigneur à la place du jeune homme, et le jeune homme montera avec ses frères.

34. Car comment monterai-je vers mon père, si le jeune homme n’est pas avec moi ? Je craindrais de voir la douleur qui atteindra mon père. »