Voici le frère tant attendu, celui que Joseph avait exigé de voir et pour lequel il avait gardé Shimeon en otage.
La réaction de Joseph est similaire à ce qui s'était passé quand il avait retrouvé ses frères et entendu qu'ils se repentaient de l'avoir abandonné ...
« Alors il se détourna d’eux et pleura. » (Genèse 42.24)
Réaction similaire, mais différente, car bien plus profonde ...
« Joseph se hâta, ému jusqu'aux entrailles à cause de son frère.
Il cherchait où pleurer et entra dans la chambre pour y pleurer. »
(Genèse 43.30)
Benjamin est différent des dix autres frères.
C'est le plus jeune, le petit dernier qui n'était pas présent, car trop jeune pour aller aux champs, quand ses autres frères l'avaient jeté dans une citerne puis vendu comme esclave.
Mais c'est aussi un frère de sang, car ils sont issus de la même mère, Rachel, alors que les autres sont des demi-frères.
Genèse 43.29 précise bien que Benjamin était « fils de sa mère », soulignant ainsi l'importance de ce lien de parenté.
Rachel était l'épouse préférée de Jacob, celle qu'il aimait, plus que Léa ou les deux servantes qui lui ont aussi donné des fils.
Aussi Joseph comme Benjamin sont les enfants de l'amour.
Et ce lien d'amour s'est transmis entre les deux frères.
Une telle affinité est fréquente dans notre monde.
Les couples se forment ... puis se divisent.
Des enfants naissent d'une première union, puis d'autres d'une seconde union ... voire plus.
Ceux qui ont les deux mêmes parents seront plus proches en âge, ils auront grandi ensemble souvent de nombreuses années avant que leurs parents se séparent.
L'arrivée d'autres enfants peut fort bien se passer ... mais ils seront toujours des demi-frères ou des demi-sœurs.
« Emu jusqu'aux entrailles à cause de son frère », Joseph a du mal à maîtriser ce qu'il ressent.
Il peut arriver qu'une émotion d'une telle intensité soit aussi ressentie pour des parents moins proches que des frères, voire pour des étrangers, des inconnus en difficulté.
Comment expliquer ce que l'on ressent pour un enfant abandonné sur une route, ou un autre qui flotte à la surface de l'eau après s'être noyé parmi d'autres réfugiés ?
L'être humain est ainsi fait, à l'image de son Créateur, capable de colère ... mais aussi de compassion.
Mais tout le monde n'est pas en mesure de connaître cette compassion.
« En regardant les foules, Ses entrailles se nouèrent à leur sujet, car elles étaient fatiguées et abattues, comme des brebis sans berger. » (Matthieu 9.36)
Ce jour-là, Jésus s'est tourné vers de nombreux inconnus.
L'expression employée dans le texte grec pour décrire ce qu'Il a ressenti peut se traduire par : « il fut ému aux entrailles ».
Ce que Joseph a ressenti pour son frère, Jésus peut le ressentir pour une multitude d'individus comme nous.
Il peut vivre cela car Il peut nous considérer comme ses frères ou ses sœurs.
C'est ainsi parce que ...
« Ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés conformes à l'image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né parmi beaucoup de frères. » (Romains 8.29)
Jésus est notre frère aîné !
Le lien de parenté passe par son sacrifice, par son sang versé afin que le nôtre ne le soit pas.
Faute de le voir à nos côtés, sous notre toit, faute d'avoir grandi avec Lui, nous pouvons oublier qu'Il est notre frère.
Nous pouvons avoir perdu tout ceci de vue.
Mais comme Joseph a pu retrouver son jeune frère, restons confiants ... Jésus saura nous retrouver !