Après avoir donné ses recommandations à ses fils qui doivent retourner en Égypte avec Benjamin, Jacob-Israël s'en remet à Dieu.
Il espère que le Seigneur interviendra afin que ses fils bénéficient de multiples compassions venant de l'homme qui dirige l'Égypte.
Shimeon serait ainsi libéré et Benjamin épargné.
Jacob prie pour ses fils ... mais il ne peut s'empêcher d'envisager une issue défavorable à ce voyage.
Car si cela se passe mal, retrouvera-t-il Benjamin, Shimeon ... voire ses autres fils ?
« Quant à moi, si je dois être privé, j’en serai privé. »
Cette parole exprime sa résignation, son impuissance à intervenir sur les évènements.
Il se laisse aller à un certain fatalisme ... une attitude qui est peut-être le fruit d'un âge avancé.
Car lorsque vos aptitudes physiques, ou intellectuelles, déclinent, vous pouvez devenir conscient que la résignation est peut-être la meilleure façon de vivre ... ou de survivre pour les jours qui vous restent.
La sagesse peut vous pousser à dire :
"A un certain âge, le seul bonheur possible, c'est la résignation."
Une telle approche ne sera pas partagée par tous ... notamment les plus jeunes dont l'entrain les poussera souvent à réagir ... à tort ou à raison !
Car il faut parfois savoir attendre ... et surtout, quand on a la foi, s'en remettre à Dieu.
C'est ce que Jacob a fait.
Mais comme nous ignorons le plus souvent l'issue de nos prières, il est légitime que l'incertitude puisse conduire à la résignation.
Il s'agit là d'une résignation face à l'avenir, quand on est dans l'ignorance de ce qui va se produire.
Mais la résignation peut aussi s'imposer lorsque les évènements qui se sont produits vous imposent un résultat douloureux.
Il s'agit en ce cas d'une résignation face à ce qui s'est passé.
L'exemple de Job, qui avait perdu tous ses enfants, nous conduira peut-être à dire comme lui :
« JHVH : a donné, et JHVH : a repris. Que le nom de JHVH : soit béni ! » (Job 1.21)
Job aurait-il pu faire ou dire autre chose puisque ses enfants étaient morts ?
Oui, s'il avait écouté sa femme qui lui dit :
« Tu demeures ferme dans ton intégrité ! Maudis Elohim, et meurs ! » (Job 2.9)
Job, isolé dans sa détresse ne va pas capituler.
Sa douleur ne le poussera pas à maudire Dieu, il ne se résignera pas non plus à mourir en mettant fin à ses jours, même s'il déplore être né !
Job était encore jeune puisque la fin du récit sur sa vie nous dit qu'il vécut de nombreuses années après son rétablissement.
Mais sa "traversée du désert" au travers de la résignation va être une source d'enrichissement spirituel.
Il va connaître Dieu !
« Mon oreille avait entendu parler de toi. Mais maintenant mon œil te voit. » (Job 42.5)
Le Seigneur lui a parlé ... et l'œil intérieur de l'âme lui a permis de comprendre.
Un temps de résignation, quand il s'accompagne de l'humilité dont Job a su faire preuve, est une porte ouverte sur l'espérance.
Les fils de Jacob se sont éloignés laissant leur père seul face à la résignation ... ou face à l'espérance ?
Jacob dit : « Quant à moi, si je dois être privé, j’en serai privé. »
Mais est-ce une parole visant l'éventuelle disparition de ses fils ... ou simplement leur absence pour quelques temps ?
Connaissant l'issue favorable de cet épisode de la Genèse, nous pouvons penser que le Seigneur n'a pas laissé Jacob dans les tourments.
Un souffle d'espérance planait autour de lui ...