Quand on annonça à Juda : « Tamar, ta belle-fille, s’est prostituée » ...
... celui-ci réagit sans hésitation.
Elle devait mourir, et dans des conditions atroces.
Il ne s'agissait pas pour Juda de sanctionner la prostitution mais le fait que ce soit sa belle-fille qui se soit ainsi corrompue alors qu'elle devait, en principe, se réserver pour le fils de Juda : Shéla.
Juda lui avait dit : « Demeure veuve dans la maison de ton père, jusqu’à ce que Shéla, mon fils, ait grandi ! » (Genèse 38.11)
Ainsi Shéla pourrait accomplir le lévirat en épousant la femme de son frère qui était décédé et lui donner ainsi une succession.
Mais une telle succession n'était plus envisageable avec une femme qui s'était prostituée et attendait un enfant d'un autre homme que Shéla.
La prostitution de Tamar, épouse potentielle de Shéla, est assimilable à un adultère.
La décision de Juda est antérieure à la loi de Moïse qui prescrira par la suite :
« Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s'il commet un adultère avec la femme de son prochain, l'homme et la femme adultères seront punis de mort. » (Lévitique 20.10)
Un principe qui fut appliqué ... mais pas pour tout le monde ... ni par tout le monde !
Le jour où l'on conduisit une femme adultère devant Jésus afin qu'elle soit lapidée, Jésus prononça cette célèbre phrase :
« Que celui d'entre vous, qui est dépourvu de péché, soit le premier à lui jeter une pierre. » (Evangile selon Jean 8.7)
Tel était le jugement de Jésus ... bien loin de celui de Juda !
Et pour cause, si la femme avait commis un adultère, où donc était l'homme qui aurait lui aussi dû être lapidé ?
Pourquoi condamner la femme ... et laisser l'homme tout aussi coupable s'échapper ?
Ceux qui voulaient lapider cette femme adultère le savaient bien : le coupable n'était-il pas d'ailleurs parmi ceux qui voulaient la lapider ?
Et si ce n'était pas le cas, ne s'étaient-ils pas eux-mêmes, au cours de leur existence, livrés à toutes sortes d'actes répréhensibles ?
« Ceux qui L'avaient entendu sortirent l'un après l'autre, d'abord les plus âgés. » (Evangile selon Jean 8.9)
Les plus âgés, ceux qui avaient le plus souvent péché, se sont éloignés les premiers ... les autres ont suivi, car tous en avaient fait autant !
Dans le cas de Tamar, nous savons qu'elle s'est prostituée avec Juda qui ne l'aurait pas reconnue.
La violence de la réaction de Juda qui préconise de la brûler afin qu'elle souffre dépasse une simple condamnation à mort.
En ayant une relation sexuelle avec sa belle-fille, il est tout aussi coupable d'adultère et mérite le même sort que Tamar !
Mais la fin ne sera pas aussi dramatique.
Tamar était prévoyante ... elle avait conservé des objets appartenant à Juda et qui allaient lui permettre de révéler que le responsable de cette relation adultère n'était autre que Juda.
« Reconnais-donc, je te prie ! A qui sont ce cachet, ce cordon, et ce bâton ? » (Genèse 38.25)
Juda comprend alors que si Tamar s'est ainsi prostituée, c'est pour compenser le fait qu'il ait omis de la donner à son fils Shéla (Genèse 38.26).
Shéla, le frère de Er, aurait dû accomplir le lévirat ... c'est Juda, son père, qui s'est substitué à Shéla.
Juda reconnaît alors sa faute et réhabilite Tamar :
« Elle est plus juste que moi, car je ne l’ai pas donnée à Shéla, mon fils. » (Genèse 38.26)
Entre prostitution, adultère, et relations entre un beau-père et sa belle-fille, cette histoire est particulièrement dépourvue de moralité.
Mais la Bible nous livre ainsi des sujets de réflexion, y compris en se fondant sur des mésaventures assez sordides.
Il appartient à chacun d'en tirer des enseignements ...