Parler au cœur peut avoir pour but :
- de parler à quelqu'un en essayant de sensibiliser,
- de parler avec sincérité.
Cette expression signifie alors que l'on parle avec franchise.
Le cœur symbolise le siège des émotions et du ressenti, et le fait qu'il soit "ouvert" sous-entend que l'on peut y voir clairement.
"Parler à cœur ouvert" signifie que l'on se confie.
Dans le cas présent, il est tout à fait plausible que Sichem se soit adressé "à cœur ouvert" à Dina ... même si la sincérité n'était pas son objectif principal.
Car le but de Sichem est plutôt de convaincre celle qu'il a violée ... qu'il l'aime.
Un véritable coup de foudre !
Probablement le même jour il l'enlève, la viole, se déclare amoureux, en parle à son père qui en parle à Jacob et le soir les frères de Dina rentrent des champs ayant appris la nouvelle.
Et Dina dans tout cela ?
Que dit-elle, comment a-t-elle vécu ce cauchemar que son violeur voudrait transformer en histoire d'amour ?
Nous ne le saurons pas.
Ce que pouvait ressentir une enfant violée ne préoccupait pas les contemporains de Jacob ... car il faut arriver à la seconde moitié du XXe siècle pour que les cris de détresse soient entendus.
C'est à la fin du XXe siècle que la pédophilie est devenue un scandale.
Sanctionnée au nom de la morale, elle fut pourtant parfois encore revendiquée, dans les années 1970 ... au nom de la liberté des mœurs.
Depuis les années 1980, c'est de nouveau la sévérité qui prévaut en France et elle est enfin considérée comme un crime majeur.
Trop souvent celle comme celui qui est violé a été considéré comme un affabulateur.
Un film français de 1967, "Les risques du métier", privilégiait la thèse de l'accusation injuste de pédophilie.
Il reflète l'état d'esprit dominant qui régnait encore à cette époque.
Indépendamment de cette loi du silence qui a longtemps régné sur les abus sexuels envers les mineurs, il faut aussi s'interroger sur l'ordre naturel des relations humaines.
Dans une société où règne la domination de la chair, l'ordre naturel consiste à tout d'abord avoir une relation physique ... pour s'interroger ensuite sur une possible relation spirituelle.
C'est exactement ce qui se passe pour Sichem ... et pour des millions de personnes de nos jours.
Si la relation sexuelle est satisfaisante, l'envie de recommencer va être abusivement qualifiée d'amour.
Jusqu'au jour où cette relation ne sera plus satisfaisante ce qui conduira à la répudiation ... ou à d'autres relations parallèles.
La loi de Moïse avait prévu de régler cette question par un acte de répudiation.
« Lorsqu'un homme a pris et épousé une femme qui viendrait à ne pas trouver grâce à ses yeux parce qu'il a découvert en elle quelque chose de honteux, il écrit pour elle une lettre de divorce et, après la lui avoir remise, la renvoie de chez lui.
Elle sort alors de chez lui, s'en va et peut devenir la femme d'un autre homme. »
(Deutéronome 24.1-2)
Quand ceci fut rappelé à Jésus, Sa réponse fut claire :
« A cause de la dureté de votre cœur, Moïse vous a permis de répudier vos femmes, mais il n'en était pas ainsi à l'origine. » (Evangile selon Matthieu 19.8)
A l'origine ... c'est bien avant l'époque de Jacob, Abraham, Noé.
C'est au temps de la Création, lorsque la formation du couple humain fut d'abord le produit du souffle de Dieu, donc de Son Esprit, avant que la chair ne se mette en mouvement.
Dans l'ordre naturel des relations humaines, la chair, donc la matière, précède l'esprit.
Dans l'ordre divin de la Création, l'esprit précède la matière.
On parle d'abord au cœur ... avant de parler au corps !