Dina est qualifiée de jeune fille en Genèse 34.3, probablement parce qu'il s'agit d'une adolescente.
Sortie dans les rues de la cité de Sichem, elle attire l'attention d'un homme qui, dans sa qualité de prince, se croit tout permis.
Car nous vivons dans un monde où le simple fait de sortir dans la rue peut se révéler dangereux !
La jeune fille lui plait, il l'emmène et la viole.
Une histoire classique, banale, tellement fréquente en tout temps, du fait de princes ou tout simplement d'hommes auxquels leurs désirs ôtent tout respect envers la femme.
Mais qu'est-ce qu'une femme dans un monde où l'homme est habitué à se servir au gré de ses humeurs ?
Qu'est-ce qu'une vie dans un monde où la femme avait un statut d'objet ?
Qu'est-ce que le respect lorsque l'on peut se permettre d'enlever quelqu'un, d'en abuser ... et d'y prendre goût puisque Sichem, le fils d'Hamor, se déclare amoureux de Dina ?
Mais il ne faut pas confondre l'amour et le désir !
Aimer, c'est rechercher le bonheur de l'autre.
Désirer, c'est vouloir prendre possession de quelqu'un pour satisfaire ses propres besoins.
Désirer, c'est aimer son propre plaisir, s'aimer soi-même.
Le désir peut conduire à l'égoïsme ... or le véritable amour est altruiste !
Mais qui, dans un monde où règne l'égoîsme, la recherche du plaisir et de la satisfaction de ses besoins personnels, qui peut encore arriver à discerner l'amour du désir ?
Dans notre société de consommation, qui diffère peu de l'époque de Jacob, on prend, on se sert, on consomme ... puis on jette.
Sichem s'est attaché à Dina ... il aurait pu tout aussi bien la jeter après avoir abusé d'elle.
Qui s'en serait ému ?
Certainement pas son père qui va s'empresser d'aller voir Jacob pour négocier sa fille.
Car il s'agira bien d'un négoce, avec promesse de dot et cadeau à l'appui (Genèse 34.12) ... il suffit de s'entendre sur le prix à payer !
Dans une société primitive, sans foi ni loi, il faut en arriver à imposer des règles de vie pour éviter ce genre de comportements.
Pour ce faire, Dieu a donné des commandements à son peuple, notamment celui-ci :
« Tu ne commettras pas de rapt. » (Deutéronome 5.19)
... le plus souvent traduit par « Tu ne commettras pas de vol. »
Mais l'analyse des textes permet de constater que ce qui est d'abord visé, c'est le vol des personnes, l'enlèvement aux fins d'esclavage, notamment l'esclavage sexuel.
Ce commandement, Sichem ne pouvait le connaître, ni personne d'autre à cette époque puisqu'il fut donné ultérieurement à Moïse.
On peut cependant donner une portée plus large à ce commandement en disant :
« Tu ne commettras pas de VIOL. »
Fallait-il des commandements pour que le monde prenne conscience du respect d'autrui ?
Oui, bien évidemment, et de nos jours encore les lois sont nécessaires pour encadrer des sociétés où la majorité des individus se révèlent incapables de se discipliner par eux-mêmes.
Et pourtant, tout pourrait se passer autrement ...
« En effet, les commandements :
Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas ... et les autres commandements similaires, se résument dans cette parole :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
(Epître aux Romains 13.9)
A celui qui aime son prochain, il ne viendrait pas à l'idée de le voler, de la violer, ou de faire quoi que ce soit qui lui porte préjudice pour satisfaire ses besoins personnels.
Cela peut paraître évident ... mais certaines évidences méritent d'être rappelées.
