Jacob s'attendait à tout ... mais pas à ça !
Lui qui craignait que son frère Ésaü se venge de lui en massacrant sa famille ...
Il avait envoyé devant lui en cadeau, pour calmer son frère, du bétail en quantité ...
Il s'avance en se soumettant, en se prosternant sept fois (Genèse 33.3) ...
Et quand il se redresse, son frère le prend dans ses bras !
Le chapitre 32 de la Genèse a développé longuement tous les préparatifs de Jacob pour tenter d'apaiser son frère.
Tout ceci probablement pour rien ... car il s'est passé autre chose dans le cœur d'Ésaü.
Il a pardonné à Jacob !
Et pour cela, nul besoin de cadeaux.
Ésaü s'était dit vingt ans auparavant ... « je tuerai Jacob, mon frère. » (Genèse 27.41)
Et au jour de leurs retrouvailles, l'amour fraternel l'emporte.
Ce passage de la Bible est un monument d'émotion dans un monde où culminent les esprits revanchards.
Est-ce de l'amour ... ou de la pitié comme certains exégètes l'ont pensé ?
Ainsi, dans ses commentaires, le rabbin Rachi écrivait à propos de cette rencontre :
"Il a été pris de pitié en le voyant se prosterner tant de fois.
Chacune des lettres du mot wayichaqéhou (il l'embrassa) est surmontée d’un point, ce qui donne lieu à une discussion. Pour certains, ces points signifient qu’il ne l’a pas embrassé de tout son cœur."
Puis Rachi cite l'opinion inverse :
"Il est de principe, ainsi qu’on nous l’enseigne, que Ésaü est l’ennemi de Jacob, mais à ce moment-là, sa pitié l’a emporté et il l’a embrassé de tout son cœur."
Cette seconde opinion est certes favorable à la sincérité d'Ésaü ... mais avec bien des réserves.
"Il est de principe, ainsi qu’on nous l’enseigne ..."
Les principes et l'enseignement ne peuvent être contestés : Ésaü (Edom) était et ne peut que rester l'ennemi de Jacob (Israël).
"... mais à ce moment-là ..." la pitié l'emporte ... juste pour quelques temps.
N'est-il donc pas possible aux hommes, aux ennemis de toujours de se retrouver pour se pardonner définitivement ?
Il est vrai qu'il est parfois difficile de pardonner.
La capacité de pardonner est un cadeau, un don de Dieu, qui n'est malheureusement pas accepté par tous ceux chez qui l'esprit de haine l'emporte sur l'amour.
Ésaü n'avait nul besoin de recevoir des offrandes de la part de Jacob car, en pardonnant, il avait déjà reçu un don de Dieu.
« Recevez l'Esprit Saint.
Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés.
Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Evangile selon Jean 20.22-23)
La faculté de pardonner est un don de l'Esprit que Jésus a offert à Ses disciples, mais aussi a tous ceux qui, de tout temps, ont su faire preuve de miséricorde.
Mais il n'est pas toujours facile d'accepter ce qui vous est gracieusement offert.
L'esprit de haine animé par Satan, l'Accusateur, veille en nous.
Il viendra vous inciter à ne pas renoncer à votre revanche, pour accuser celui qui vous a porté préjudice, car lui-même espère pouvoir se venger du Créateur céleste.
Mais faute de pouvoir y parvenir un jour, il s'efforcera jusqu'au bout d'entraîner un maximum d'âmes dans sa chute.
Car en ce qui le concerne ... « il sait qu'il lui reste peu de temps. » (Apocalypse 12.12)