« Voici, cette fois, l'os de mes os, la chair de ma chair ! » (Genèse 2.23)
C'est en ces termes que le premier homme, Adam, accueillit celle qui lui fut donnée par JHVH Elohim.
Il faut avoir en mémoire que cette présentation de sa femme à Adam est consécutive à un inventaire exhaustif du monde animal effectué par l'homme :
« Et l'humain appela par leurs noms toute bête, tout oiseau des cieux, et tout animal du champ, mais pour lui, humain, il ne trouva aucune aide pour vis-à-vis. » (Genèse 2.20)
Avant de pouvoir identifier une compagne qui soit compatible avec sa dimension humaine, l'homme avait cherché ... sans trouver.
Il n'est pas donné à tout le monde de rencontrer le conjoint idéal, celui ou celle dont il ou elle pourra dire :
« Voici, cette fois, l'os de mes os, la chair de ma chair ! »
Il est plus facile de rencontrer un membre de sa famille proche, avec lequel nous partageons un patrimoine génétique résultant d'une ascendance commune, qui nous permette de dire comme Laban à Jacob :
« Oui, tu es mon os et ma chair. »
Peut-être pourrons-nous aussi, comme le fit Laban, inviter cette personne à séjourner longuement dans notre domicile.
Mais qu'en sera-t-il des autres personnes que nous serons amenés à rencontrer, cette multitude d'inconnus qui nous semblent bien différents de nous, de notre famille, de notre clan ou de notre peuple ?
Si l'on se réfère à la proclamation de Laban, nous pourrions en déduire que seuls sont « mon os et ma chair » ceux qui sont de notre famille.
Mais, jusqu'où faut-il aller ?
Faut-il s'arrêter aux plus proches, frères et sœurs, ou considérer les cousins comme autant de frères et sœurs, ou chercher plus loin ...
Manifestement, rien ne nous permet de dresser une barrière, de définir une limite au-delà de laquelle tel ou tel individu nous est étranger puisque nous descendons tous d'une même souche.
De ce fait, il sera infiniment plus logique de se référer à la proclamation initiale du premier homme :
« Voici, cette fois, l'os de mes os, la chair de ma chair ! »
Il ne faut pas pour autant en déduire que toute personne doit nécessairement vivre avec nous ... mais elle peut être accueillie comme un proche parent même si nous n'avons apparemment aucun lien de parenté.
Car ce lien de parenté, nous le retrouvons dans notre ascendance commune au travers du premier couple humain, Adam et Eve, car il est écrit :
« Et Adam appela sa femme du nom d'Eve, car c'est elle qui devint la mère de tous les vivants. » (Genèse 3.20)
« En effet, j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire. J’étais étranger et vous m’avez recueilli. » (Evangile selon Matthieu 25.35)
Ainsi s'adressait Jésus à ses disciples.
Il les invitait à ne pas faire de distinction envers ceux que nous pouvons rencontrer, et que nous pouvons être amenés à accueillir.
Un enseignement bien difficile à mettre en application au vu des frontières qui se sont dressées entre les peuples, les villages, les familles ...
Et pourtant Jésus surenchérissait en ces termes :
« Qui est ma mère, et mes frères ?
Puis, parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de Lui, Il dit :
Voici ma mère et mes frères. En effet, celui qui fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur, et ma mère. »
(Evangile selon Marc 3.33-35)
On pourrait déduire de cet enseignement que sont « mon os et ma chair » ceux qui, en fin de compte, sont membres de notre Eglise parce qu'ils font la volonté de Dieu en tant que chrétiens.
Mais que savons-nous de ce qu'ils font réellement, de leur comportement quotidien ... chrétiens ou non chrétiens ?
Seul Dieu connaît les profondeurs de l'âme humaine, de chacun d'entre nous.
Nous ne sommes donc pas en mesure de distinguer celui ou celle qui s'inscrit réellement dans la volonté de Dieu.
Il sera donc préférable de s'en remettre à Son jugement, à Son appréciation souveraine, et, vu notre ignorance, d'ouvrir notre cœur indépendamment de nos préjugés.
« N'oubliez pas l'hospitalité, car grâce à elle, certains ont accueilli des anges sans le savoir. » (Epître aux Hébreux 13.2)