Pendant des années, Hagar a pu espérer que son fils, Ishmaël, serait l'héritier d'Abraham.
Le conflit entre les deux femmes était né du mépris que Hagar, la servante, avait affiché envers Sarah du jour où elle fut enceinte d'Abram (Genèse 16.4).
Face aux mauvais traitements que Sarah lui infligea, Hagar s'est enfuie puis est revenue auprès de ses maîtres pour donner naissance à Ishmaël :
« Abram avait quatre-vingt-six ans quand Hagar enfanta Ishmaël pour Abram. » (Genèse 16.16)
Les années se sont écoulées et Sarah connut à son tour le bonheur d'être mère :
« Abraham était âgé de cent ans à la naissance de son fils, Isaac. » (Genèse 21.5)
Quatorze ans séparent les deux enfants, Isaac est un bébé ... Ishmaël un adolescent.
Quand Abraham décida d'organiser une fête en l'honneur de son fils, Isaac, le rire d'Ishmaël a été mal perçu par Sarah :
« Or Sarah vit le fils que Hagar, l'Egyptienne, avait donné pour Abraham, qui se moquait. » (Genèse 21.9)
Sarah a senti monter tous les ressentiments qu'elle portait depuis des années envers Hagar.
Maintenant qu'Isaac était né, elle pouvait enfin triompher et faire valoir la légitimité de son fils.
Sa réaction est violente, sans appel : « Chasse cette servante et son fils ! »
L'enjeu est de taille : car l'héritage c'est le territoire de Canaan promis par Elohim à Abraham.
Un héritage indivisible et inaliénable :
« Et je te donne, ainsi qu'à ta semence après toi, la terre où tu séjournes, toute la terre de Canaan, comme possession perpétuelle, et je serai leur Elohim. » (Genèse 17.8)
Abraham n'a pas apprécié l'injonction de Sarah.
Mais Elohim donne raison à Sarah : la servante et son fils doivent partir !
Là où Ishmaël s'établira, Elohim promet d'en faire une grande nation (Genèse 21.13).
Cette question de la légitimité territoriale est toujours d'actualité.
Il ne se passe guère de jours où les violences au Proche-Orient, en marge de l'Etat d'Israël et souvent aussi sur son territoire, ne rappellent la question des revendications territoriales des populations arabes.
Considérés comme descendants d'Ishmaël, ces peuples que l'on qualifie de nos jours de Palestiniens forment en fait une mosaïque de populations originaires des déserts voisins et qui ont migré vers la Palestine.
D'un point de vue biblique, leur légitimité consisterait à reconnaître que le fils né d'une relation que l'on peut qualifier d'adultère, entre Abram et Hagar, a la même valeur que la relation d'Abraham avec son épouse légitime : Sarah.
Que chacun apprécie en son âme et conscience ce qu'il soit penser à ce sujet.
L'apôtre Paul a repris ce verset de la Genèse en ces termes :
« Chasse l’esclave et son fils, car le fils de l’esclave n’héritera en rien avec le fils de la femme libre. » (Epître aux Galates 4.30)
Paul a donné une dimension allégorique à ces évènements qui opposèrent Sarah et Hagar.
« Car il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, un de l'esclave, et un de la femme libre.
Mais celui de l’esclave est né selon la chair, et l'autre, de la femme libre, est né suite à la promesse. »
(Galates 4.22-23)
Paul en déduit que la légitimité est liée à la promesse de transmettre l'héritage par Sarah, et non par Hagar.
Mais Paul va plus loin :
« Ces unions ont une valeur allégorique, car ces femmes sont les deux alliances. » (Galates 4.24)
La première alliance résulte de la circoncision instituée au temps d'Abraham en vue de l'acquisition du territoire de Canaan (Genèse 17).
La seconde alliance résulte de la foi en Jésus Christ en vue de l'acquisition de la vie éternelle (Jean 3.16).
La première alliance est terrestre et corporelle.
La seconde alliance est céleste et spirituelle.
Toutes deux sont légitimes ... mais ne relèvent pas du même monde !