Selon les époques, les individus, ou les analystes, les rêves sont appréhendés de différentes façons.
Certains y voient surtout des fantaisies de l'inconscient dont il ne faut guère se préoccuper.
D'autres s'y sont tellement attachés qu'ils en ont fait leur métier, leur spécialité, avec la psychanalyse ou la psychologie analytique.
Pour le commun des mortels, le rêve sera souvent perçu comme une source d'incompréhension, et parfois d'inquiétudes, lorsque l'on croit pressentir quelque chose de prémonitoire et de néfaste.
Dans les temps anciens, cette dimension prémonitoire était l'objet de beaucoup d'attention et l'on trouvait des "spécialistes du rêve" ayant en charge de les interpréter.
Ceux-ci pouvaient alors être considérés comme des messages divins, et la Bible atteste aussi de telles croyances notamment lorsqu'il est écrit :
« Elohim parle cependant, tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, et l'on n'y prend pas garde.
Il parle par des songes, par des visions nocturnes, quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, quand ils sont endormis sur leur couche.
Alors il leur donne des avertissements ... »
(Job 33.14-16)
C'est bien ce qui s'est produit pour Abimélek.
L'avertissement est clair :
« Voilà ! Tu vas mourir car la femme que tu as prise appartient à son propriétaire. »
Abimélek engage alors un dialogue avec Elohim au cours duquel il s'efforce de se défendre.
Ce dialogue n'est pas vain car Elohim lui donne la marche à suivre pour échapper à la mort.
Dialoguer en rêve avec Dieu peut se produire plus souvent qu'on ne le croit.
Un homme endormi rêva un jour qu'il demandait à Dieu (auquel il ne croyait pas encore) quel était le sens de sa vie.
Si l'individu éveillé n'avait pas la foi ... son inconscient savait que Dieu existait et pouvait lui répondre.
Et la réponse fut :
"Il y a l'individu que l'on touche et l'individu que l'on apprécie."
La réponse était énigmatique et cet homme n'en compris le sens que trois ans plus tard ... après sa conversion.
Car il apprit alors que le Seigneur nous "touche" de Sa grâce pour nous sauver.
C'est ce que Dieu lui avait annoncé en rêve ... trois ans avant que l'homme ne soit sauvé.
Quant aux autres, ceux "que l'on apprécie", Dieu les observe, les apprécie, dans l'attente d'une éventuelle grâce divine.
Abimélek, pour sa part, va suivre les consignes divines après avoir essayé de comprendre pourquoi Abraham avait agit de la sorte en dissimulant que Sarah était son épouse.
Le fait que Abimélek écoute Elohim permet de le distinguer de la plupart des individus pour lesquels il est écrit :
« Elohim parle ... et l'on n'y prend pas garde. » (Job 33.14)
Celui qui est pieux, le croyant comme la croyante, est soucieux de suivre les consignes de Dieu.
Mais à vrai dire, bien peu s'en soucient, et Job avait raison de dire que l'on ne prend pas garde aux enseignements divins, que ceux-ci soient reçus de jour ... comme de nuit.
Abimélek pourrait être assimilé à ceux que l'on appela par la suite les Craignant-Dieu.
Son dialogue avec celui qu'il appelle "Mon Adonaï" atteste de ses croyances et de sa conviction qu'il existe un Dieu juste :
« Mon Adonaï, tuerais-tu ainsi des gens droits ? » (Genèse 20.4)
Les Craignant-Dieu étaient, pendant la période du Second Temple, des non juifs proches du judaïsme sans être pour autant convertis aux règles de la loi du judaïsme.
Signalés dans le Nouveau Testament (Évangiles, Actes des Apôtres, Épîtres de Paul), ils formaient une communauté à part, qui adhérait en partie à la Torah mais refusait certaines pratiques du judaïsme, dont la cacheroute et surtout la circoncision.
C’est notamment dans le milieu des Craignant-Dieu que s'est développé le christianisme primitif.