Livre de LA GENESE ... Etudes et commentaires de la Bible



La terre divisée

« Il naquit deux fils à Eber :

le premier se nommait Peleg,

car en son temps la terre fut partagée. »

(Genèse 10.25)

Le partage de la terre


Peleg porte dans son nom une énigme.

Car le nom de Peleg, qui signifie partage forme un jeu de mots, en hébreu, avec le fait que la terre fut "divisée" à cette époque.

La terre fut "divisée" nous dit La Bible de Jérusalem ou la Traduction Oecuménique de la Bible.

La terre fut "partagée" selon la traduction Louis Segond, la Version du Semeur, et la Traduction du Rabbinat.

André Chouraqui nous dit qu'elle fut "scindée" et la Bible d'Alexandrie considère que la terre fut "répartie".

The Hebrew Interlinear Bible utilise, en anglais, le terme "distributed", ce qui signifie "distribuée".

Bien que ces termes puissent être synonymes, il peut en découler différentes intérprétations.

1 - La terre "divisée" peut laisser entendre un éclatement de l'unité primordiale conduisant à un affrontement entre les peuples : s'agit-il d'une guerre ?

2 - La terre "partagée" évoque une répartition territoriale, une division des nations avec une indentité qui leur serait propre, mais sans qu'il y ait pour autant un affrontement.

3 - La terre "répartie" ou "distribuée" conduit à une toute autre approche : la terre, bien commun de l'humanité, serait devenue une propriété privatisée que les hommes se sont répartis.

1 - La terre "divisée" peut-il s'interpréter comme l'évocation d'un conflit très ancien entre les peuples, peut-être à l'échelle mondiale ?

Rien dans ce passage de la Genèse, ni dans ce qui précède ou va suivre, ne vient confirmer cette hypothèse.

Des guerres, la Bible en évoque de nombreuses ... mais pas ici.

Il ne semble donc pas nécessaire de s'attarder sur cette interprétation.

2 - La terre "partagée" est, compte-tenu du chapitre suivant qui relate l'évènement de la Tour de Babel, le plus souvent compris comme un partage des peuples du fait de la diversification des langues.

C'est cette approche qui fut ainsi retenue au XIe siècle par le rabbin Rachi quand il commente ce verset :

« Les langues ont été confondues, les hommes se sont dispersés hors de la vallée de Shinéar et se sont répandus à travers le monde entier. »

La multiplication des langues, l'impossibilité pour les humains de pouvoir communiquer entre eux, les a incités à se disperser, à se replier chacun sur un territoire.

C'est ainsi que la terre allait être "partagée" au temps de Peleg.

Ce qui donne du crédit à cette interprétation, c'est le fait que l'énumération des descendants de Shem s'arrête au chapitre 10 avec Peleg et son frère Yoktan avant de reprendre en seconde partie du chapitre 11.

Et c'est l'épisode de la Tour de Babel qui vient interrompre cette énumération en première partie de ce chapitre 11.

Si la Bible suit un ordre chronologique, en ce cas il est évident que le partage de la terre est bien contemporain de la Tour de Babel.

Mais parfois la chronologie biblique ne répond pas à notre logique.

On peut ainsi s'interroger sur le fait que bien avant Peleg (versets 1 à 24 du chapitre 10) il est question de la répartition des peuples héritiers de Shem comme de Cham ou de Japhet.

Ceci incite à prendre aussi en considération le fait que cette "répartition" de la terre au temps de Peleg puisse se comprendre comme une "distribution".

Les premières communautés humaines connaissaient-elles la propriété privée, la répartition des terres, ou vivaient-elles en étroite collaboration sans vouloir s'approprier des territoires ?

Il semble que la propriété privée soit apparue au néolithique, avec la sédentarisation des populations autrefois nomades qui se mirent à cultiver la terre, peut-être dès les premiers villages.

Les scientifiques évoquent ainsi une première "révolution industrielle" au néolithique, sur les rives du Tigre et de l'Euphrate, qui se traduit sur le plan économique par l'apparition de la propriété privée.

La terre fut ainsi "distribuée" entre les cultivateurs qui vivaient dans cette région.

Or, c'est bien dans ce pays nommé Shinéar dans la Bible que furent édifiées les premières villes au temps de Nemrod (versets 10 à 12).

Il est difficile d'envisager que de telles cités n'aient pas connu la propriété privée.

Certes, la Bible ne nous en dit pas plus.

Comme bien souvent, la Parole de Dieu nous laisse la liberté de penser, d'interpréter, de croire.

« La terre fut partagée ... », oui, un jour ou l'autre les peuples se sont séparés pour se répartir sur terre tout comme ils se sont partagés les sols.

L'état du monde actuel reflète cet état de faits historiques ... et bibliques !

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Traduction interlinéaire
de la Genèse

Chapitre 10 ~ Versets 10.19 à 10.32

19. Ainsi la frontière des Cananéens allait de Sidon vers Guérar, jusqu'à Gaza, vers Sodome et Gomorrhe, Adma et Ceboïm, jusqu'à Lèsha.

20. Tels sont les fils de Cham, selon leurs familles, leurs langues, chacun sa terre, chacun sa nation.

21. Et pour Shem, il y eut aussi des naissances, lui, le père de tous les fils d'Eber, et frère de Japhet, le grand.

22. Fils de Shem : Elam, Assur, Arphaxad, Loud et Aram.

23. Fils d'Aram : Outz, Hul, Gether et Mash.

24. Arphaxad engendra Schélach et Schélach engendra Eber.

25. Il naquit deux fils à Eber : le premier se nommait Peleg, car en son temps la terre fut partagée. Son frère se nommait Yoktan.

26. Yoktan engendra Almodad, Schélef, Hatsarmaveth, Yérah,

27. Hadoram, Ouzal, Dikla,

28. Obal, Abimaël, Shéba,

29. Ophir, Havila, Yobab, tous ceux-là fils de Yoktan.

30. Et ils sont allés demeurer de Mesha à Sephar, montagne de l'Orient.

31. Tels sont les fils de Shem, selon leurs familles, leurs langues, chacun sa terre, chacun sa nation.

32. Telles sont les parentés des fils de Noah, leur généalogie par nations. Et à partir d'eux, les nations se sont séparées sur la terre après le déluge.

Chapitre 11 ~ Verset 1

1. Toute la terre avait une seule langue avec les mêmes mots.