Traduction Louis Segond 1910
1 Le juste périt, et nul n’y prend garde ; Les gens de bien sont enlevés, et nul ne fait attention Que c’est par suite de la malice que le juste est enlevé.
2 Il entrera dans la paix, Il reposera sur sa couche, Celui qui aura suivi le droit chemin.
3 Mais vous, approchez ici, fils de l’enchanteresse, Race de l’adultère et de la prostituée !
4 De qui vous moquez-vous ? Contre qui ouvrez-vous une large bouche Et tirez-vous la langue ? N’êtes-vous pas des enfants de péché, Une race de mensonge,
5 S’échauffant près des térébinthes, sous tout arbre vert, Egorgeant les enfants dans les vallées, Sous des fentes de rochers ?
6 C’est dans les pierres polies des torrents qu’est ton partage, Voilà, voilà ton lot ; C’est à elles que tu verses des libations, Que tu fais des offrandes : Puis-je être insensible à cela ?
7 C’est sur une montagne haute et élevée que tu dresses ta couche ; C’est aussi là que tu montes pour offrir des sacrifices.
8 Tu mets ton souvenir derrière la porte et les poteaux ; Car, loin de moi, tu lèves la couverture et tu montes, Tu élargis ta couche, et tu traites alliance avec eux, Tu aimes leur commerce, tu choisis une place.
9 Tu vas auprès du roi avec de l’huile, Tu multiplies tes aromates, Tu envoies au loin tes messagers, Tu t’abaisses jusqu’au séjour des morts.
10 A force de marcher tu te fatigues, Et tu ne dis pas : J’y renonce ! Tu trouves encore de la vigueur dans ta main : Aussi n’es-tu pas dans l’abattement.
11 Et qui redoutais-tu, qui craignais-tu, pour être infidèle, Pour ne pas te souvenir, te soucier de moi ? Est-ce que je ne garde pas le silence, et depuis longtemps ? C’est pourquoi tu ne me crains pas.
12 Je vais publier ta droiture, Et tes oeuvres ne te profiteront pas.
13 Quand tu crieras, la foule de tes idoles te délivrera-t-elle ? Le vent les emportera toutes, un souffle les enlèvera. Mais celui qui se confie en moi héritera le pays, Et possédera ma montagne sainte.
14 On dira : Frayez, frayez, préparez le chemin, Enlevez tout obstacle du chemin de mon peuple !
15 Car ainsi parle le Très-Haut, Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté ; Mais je suis avec l’homme contrit et humilié, Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les coeurs contrits.
16 Je ne veux pas contester à toujours, Ni garder une éternelle colère, Quand devant moi tombent en défaillance les esprits, Les âmes que j’ai faites.
17 A cause de son avidité coupable, je me suis irrité et je l’ai frappé, Je me suis caché dans mon indignation ; Et le rebelle a suivi le chemin de son coeur.
18 J’ai vu ses voies, Et je le guérirai ; Je lui servirai de guide, Et je le consolerai, lui et ceux qui pleurent avec lui.
19 Je mettrai la louange sur les lèvres. Paix, paix à celui qui est loin et à celui qui est près ! dit l’Eternel. Je les guérirai.
20 Mais les méchants sont comme la mer agitée, Qui ne peut se calmer, Et dont les eaux soulèvent la vase et le limon.
21 Il n’y a point de paix pour les méchants, dit mon Dieu.
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Traduction œcuménique de la Bible
1. Le juste périt, sans que personne prenne la chose à cœur, les hommes de bien sont raflés, sans que personne discerne que c'est sous les coups de la méchanceté que le juste est raflé !
2. Mais elle viendra, la paix, et ils seront en repos sur leurs couches, ceux qui marchent droit.
3. Quant à vous, approchez ici, fils de la sorcière, croisement d'un adultère et d'une prostituée :
4. De qui vous moquez-vous ? Contre qui ouvrez-vous largement la bouche et faites-vous marcher votre langue ? N'êtes-vous pas des enfants de révolte, une engeance de tromperie ?
5. Vous vous échauffez près des térébinthes, sous tout arbre touffu ; vous immolez des enfants dans des ravins, dans les failles des rochers.
6. Les blocs polis du ravin, voilà ta part, la voilà, la voilà, ta portion ! C'est à eux que tu verses des libations, que tu présentes des offrandes ! En cela puis-je trouver quelque réconfort ?
7. Sur une montagne qui s'élève haut tu as installé ta couche et c'est là que tu es montée pour offrir le sacrifice.
8. Derrière la porte et le montant tu as installé ton mémorial. Oui, loin de moi tu t'es dévêtue, tu es montée, tu as élargi ta couche ; tu t'es payé une bonne tranche grâce à ces gens dont tu aimes la couche ; le membre, tu l'as contemplé !
9. Tu as dévalé vers Mélek avec de l'huile, tu as prodigué tes parfums, tu as envoyé tes délégués jusqu'au loin, tu te rabaisses ainsi jusqu'au séjour des morts.
10. A faire tout ce chemin, tu t'es fatiguée, mais tu ne dis pas : « C'est désespéré ! » Tu as retrouvé la vivacité de ta main, dès lors tu ne restes pas languissante.
11. Qui donc as-tu redouté et craint, puisque tu es déloyale ? Moi, tu ne m'as pas gardé en mémoire, tu ne m'as pas fait place en ton cœur ! Moi, n'est-ce pas, je suis depuis longtemps resté inactif, alors tu ne me crains pas.
12. Mais moi, j'annoncerai ta « justice », et tes œuvres, elles ne te seront d'aucun profit.
13. A ton cri, qu'elles te délivrent, tes collections d'idoles ! Le vent les emportera toutes, un souffle les enlèvera. Mais qui se réfugie en moi recevra la Terre comme patrimoine et ma Montagne sainte comme possession.
14. Et l'on dira : Remblayez la chaussée, dégagez le chemin, faites sauter tout obstacle du chemin de mon peuple.
15. Car ainsi parle celui qui est haut et élevé, qui demeure en perpétuité et dont le nom est saint : Haut placé et saint je demeure, tout en étant avec celui qui est broyé et qui en son esprit se sent rabaissé, pour rendre vie à l'esprit des gens rabaissés, pour rendre vie au cœur des gens broyés.
16. Ce n'est pas pour toujours que je querellerai, ce n'est pas en permanence que je m'irriterai, car devant moi dépériraient le souffle et les êtres animés que j'ai faits.
17. Par la perversité de sa rapine, j'ai été irrité, je l'ai frappé, en me détournant ; j'étais irrité : il allait, rétif, suivant le chemin de son cœur ;
18. ses chemins, je les ai vus ! Cependant je le guérirai, je le guiderai, je lui prodiguerai réconfort, à lui et à ses endeuillés,
19. créant le concert des lèvres. Paix, paix à celui qui est éloigné et à celui qui est proche, a dit le SEIGNEUR. Oui, je le guérirai !
20. Mais les méchants sont comme une mer agitée qui ne peut se tenir tranquille, ses eaux agitent de la boue et de la vase.
21. Point de paix, a dit mon Dieu, pour les méchants !
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Commentaires du chapitre 57
57.1 à 57.4 : Les justes et les injustes
Dans un premier temps, le prophète manifeste son émotion face au sort des justes qui périssent sous les coups des méchants.
Il est vrai que, de tous temps, on vit des personnages ignobles connaître une vie paisible face à des multitudes qui ne méritaient certes pas ce qui les frappait.
Certes, Esaïe leur promet la paix (verset 2) mais combien pourraient se lamenter en disant :
« Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-Tu à juger et à venger notre sang sur les habitants de la terre. » (Apocalypse 6.10)
Car si tous les habitants de la terre ne sont pas responsables des crimes commis, ceux qui les font se perpétuent depuis des siècles.
57.5 à 57.14 : Des pratiques immondes
A la lecture du verset 5, nous constatons que des sacrifices d'enfants étaient pratiqués.
Il s'agit d'héritages d'anciennes religions païennes.
A ceci s'ajoute, comme toujours, les pratiques idolâtres (verset 6) avec libations et offrandes.
Esaïe évoque au verset 7 un haut lieu de culte : s'agit-il d'une référence au Temple de Jérusalem ?
Puis il compare ce qui se passe à de la prostitution sacrée.
Israël avait été contaminé, jusqu'au Temple de Jérusalem, et le roi Josias était intervenu vigoureusement au VIIe siècle avant Jésus Christ :
« Il démolit les logements des prostitués qui se trouvaient dans la maison de l'Eternel et où les femmes tissaient des toiles pour Astarté. » (2 Rois 23.7)
Mais il s'agit probablement d'une infidélité spirituelle fondée sur l'idolâtrie :
« Quand tu crieras, la foule de tes idoles te délivrera-t-elle ? Le vent les emportera toutes, un souffle les enlèvera. Mais celui qui se confie en moi héritera le pays, Et possédera ma montagne sainte. » (verset 13)
Car la promesse demeure pour ceux qui restent fidèles...
57.15 à 57.21 : Guerre et paix
Au verset 15, le Seigneur rappelle quel est Son camp :
« Haut placé et saint je demeure, tout en étant avec celui qui est broyé et qui en son esprit se sent rabaissé, pour rendre vie à l'esprit des gens rabaissés, pour rendre vie au cœur des gens broyés. »
Tout en déplorant ce qu'Il voit, le Seigneur n'en demeure pas moins accessible au pardon (verset 18).
On peut s'éloigner du Seigneur, mais l'on n'est pas pour autant condamné :
« Paix, paix à celui qui est éloigné et à celui qui est proche, a dit le SEIGNEUR. Oui, je le guérirai ! » (verset 19)
Il semble cependant qu'il y ait des irrécupérables...
« Point de paix, a dit mon Dieu, pour les méchants ! » (verset 21)
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