L'ingratitude est un phénomène tellement courant que l'on pourrait difficilement examiner tous ses aspects.
Qui n'en a pas un jour fait l'expérience ... et s'en est ressenti plus ou moins meurtri ?
Nous ignorons ce que Joseph a pu ressentir quand il se morfondait dans sa prison après avoir donné au chef des échansons l'interprétation de son rêve.
Celui-ci oublia Joseph ... mais était-il redevable de quelque chose envers lui ?
Certes, Joseph l'avait rassuré en lui délivrant une prémonition positive.
Mais il est peu probable que cela ait pu influer sur la décision du pharaon de rétablir l'échanson dans ses fonctions.
Aussi le fait que l'échanson ait oublié Joseph n'est guère surprenant car c'est au pharaon et non à Joseph qu'il devait sa libération.
Imaginons donc une situation différente, où l'homme serait réellement libéré du fait de l'intervention d'un autre détenu en sa faveur.
Imaginons même que ce détenu se laisse emprisonner à la place de celui qu'il fait libérer, peut-être même en s'accusant d'un crime qu'il n'aurait pas commis.
Et l'autre s'en irait sans se soucier de celui qui l'a ainsi sorti de cette situation.
Qui sait si celui qui s'est accusé de ce crime ne sera pas condamné à mort ... mais qu'importe pour celui qui a recouvré la liberté.
Imaginons que cet homme se nomme Jésus et qu'Il ait choisi de se laisser crucifier pour nous sauver de nos péchés ...
Un jour Jésus guérit dix lépreux et un seul est revenu. Alors Jésus lui dit :
« N'avez-vous pas été purifiés tous les dix ? Où sont les neuf autres ?
Lève-toi et va, ta foi t'a sauvé ! »
(Evangile selon Luc 17.17-19)
Jésus les avait tous guéris ... mais un seul revient pour rendre gloire à Dieu.
L'homme est sauvé ... par la puisance de la foi.
Certes, les neuf autres ont été guéris ... mais pas sauvés !
Leur manque de foi, leur absence de reconnaissance ne leur a pas permis d'être sauvés.
L'ingratitude, c'est aussi cela !
Les neuf lépreux ont oublié Jésus, tout comme l'échanson a oublié Joseph, tout comme on oublie quelqu'un quand on n'en a plus besoin.
Pourtant tous avaient demandé à Jésus :
« Jésus, maître, aie pitié de nous ! » (Evangile selon Luc 17.13)
Implorer la clémence et mépriser ensuite Celui qui vous l'a accordée ... quel enseignement édifiant sur la nature de l'âme humaine !
Mais faut-il attendre de la reconnaissance en retour des actes généreux que l'on peut commettre ?
"Ne faites jamais du bien si vous n'avez pas le courage de supporter l'ingratitude." (Molière)
Donc, ne nous attendons pas à un quelconque remerciement.
Si vous l'avez, c'est bien, si vous ne l'avez pas, préparez-vous à vous en passer.
La question que l'on peut aussi se poser est de savoir si l'on agit pour obtenir une quelconque reconnaissance en retour, ou se donner bonne conscience, ou tout simplement pour rendre service.
Et dans l'hypothèse où l'on agit sans rien attendre pour rendre service, il sera logique de ne pas s'en glorifier et d'agir dans la discrétion ... en toute humilité.
Pas facile ... mais hautement souhaitable !
« Toi qui fais l'aumône, que ta gauche ne sache pas ce que fait ta droite.
Que ton aumône soit dans le secret. Ton Père, qui te voit dans le secret, te le rendra. »
(Evangile selon Matthieu 6.3-4)
En fin de compte ... n'attendons rien des hommes, mais attendons tout de Dieu.
Lui, Il n'est pas ingrat !
